ORLEANS EXPULSIONS DE FEMMES ET D’ ENFANTS TCHETCHENES !
ORLEANS EXPULSIONS DE FEMMES ET D’ ENFANTS TCHETCHENES !
Le Comité Tchétchénie dénonce l’expulsion, ce jour, de France de trois familles tchétchènes en demande d’asile à Orléans.
Le Comité Tchétchénie s’indigne de l’expulsion par la préfecture
d’Orléans de trois familles de demandeurs d’asile tchétchènes sans
tenir compte des risques encourus, spécialement en ce qui concerne deux
d’entre elles, menacées d’être renvoyées en Russie.
C’est au petit matin du 11 juillet, dans une ancienne gendarmerie
aménagée en centre "d’accueil" pour migrants, que la famille N, un
couple et ses trois enfants de six, quatre et un ans, la famille M,
deux enfants et deux adultes, ont été arrêtées par la police sur ordre
de la préfecture d’Orléans, pour être conduits à l’aéroport de
Roissy-Charles-de-Gaulle et expulsés en Allemagne. La famille D,
composée de deux adultes et de deux enfants de deux et trois ans,
devait être renvoyée en Pologne et arrêtée avec les deux autres, mais
elle a pris la fuite avant l’arrivée des forces de l’ordre. Ces
familles auraient laissé leurs empreintes en Allemagne pour les deux
premières, en Pologne pour l’autre, avant de se rendre en France pour
demander l’asile politique.
Dans les trois cas, la préfecture s’appuie sur le Règlement (CE) n°
343 /2003 du Conseil du 18 février 2003, dit « Dublin II » pour
renvoyer la responsabilité de l’examen de demande d’asile sur le
premier pays de l’Union européenne traversé par le demandeur.
Anne Le Tallec, l’avocate de la famille N, nous a indiqué que
Baoudine N. a subi des persécutions en Tchétchénie et a été emprisonné
à Khankala, la base militaire russe où ont été torturés de très
nombreux tchétchènes. En 2004, l’Allemagne a refusé de lui accorder
l’asile politique sous prétexte que lui et sa famille pourraient vivre
en sûreté dans d’autres républiques de Russie, contrairement aux
recommandations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés, qui considère que les tchétchènes ne sont en sécurité nulle
part en Fédération de Russie. L’Allemagne a même demandé à la famille
de se présenter au consulat russe pour retirer des autorisations de
séjour dans la Fédération. La réadmission en Allemagne de ces cinq
personnes représente donc un grave danger pour leur sécurité.
Or, la préfecture d’Orléans n’a tenu aucun compte de cette menace,
ce qui constitue indirectement une violation de l’article 3 de la
Convention Européenne des droits de l’Homme qui réclame que nul ne soit
soumis à la torture et à des peines ou traitements inhumains ou
dégradants. Une jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de
l’Homme a condamné la Grande-Bretagne sur le motif qu’en tant qu’Etat
signataire de la convention, l’expulsion d’une personne dans un autre
Etat signataire qui avait refusé sa demande d’asile avait exposé cet
individu à des actes inhumains ou dégradants.
Chamil M. a, quant à lui, subi de multiples arrestations et
persécutions en Tchétchénie. Il a été une première fois libéré contre
rançon puis à demander l’asile politique. Constatant qu’on leur refuse,
ils quittent l’Allemagne le 22/03/2005. En septembre de la même année
Chamil et son frère sont arrêtés, ce qu’attestent de nombreux
témoignages. Ils subissent des tortures, le frère de Chamil est
retrouvé mort. Plusieurs documents officiels prouvent que la famille a
bien quitté plus de trois mois l’Union Européenne, ce qui retire à
l’Allemagne la responsabilité d’examiner la demande d’asile de ces
personnes, selon le Règlement dit « Dublin II » (Art. 4, 5 et 16, 3).
Hussein D a été arrêté en Tchétchénie à deux reprises en juin puis
en août 2003. En février 2004, il parvient à fuir le pays avec sa femme
et ses enfants et passe par la Pologne, où selon le président de
l’Union de la Défense des Droits des Réfugiés, une ONG polonaise, ils
sont menacés par des Tchétchènes pro-russes. Une note écrite datée du
12/12/2005 en fait foi.
C’est poussé par la crainte de nouvelles persécutions et de
violences que la famille D a fini par quitter la Pologne et arrive à
Toulouse le en juin dernier, avant de fuir à nouveau pour Orléans, de
peur d’être renvoyée en Pologne.
Pour le Comité Tchétchénie de Paris, le traitement de ces trois
affaires par la préfecture d’Orléans viole non seulement le règlement
européen qu’il prétend appliquer, mais encore les droits fondamentaux
garantis par la Convention européenne des droits de l’Homme, dont la
France est signataire. Il est aussi l’illustration de la manière dont
sont traités les Tchétchènes en France et en Europe et vient s’ajouter
aux multiples motifs de plainte enregistrés par le Parlement Européen à
ce propos.
Le Comité Tchétchénie soutient le Réseau Education Sans Frontières
d’Orléans qui se mobilise sur place pour obtenir la libération des
personnes arrêtées et l’autorisation pour eux de demander l’asile
politique en France ; il invite aussi tous les citoyens attachés aux
droits fondamentaux des personnes à se joindre à cette mobilisation.